mardi 10 janvier 2012

Steven et moi

"J'avais quinze ou seize ans, j'étais au lycée, je passais l'été en Californie et voulais vraiment être réalisateur. Je faisais beaucoup de films en super 8 depuis mes douze ans : des drames brefs et des comédies tournés avec les enfants du voisinage. Un jour, j'ai décidé d'aller dans les studios d'Universal. J'avais mis costume et cravate. J'ai sauté du bus qui permet de visiter les studios et j'ai passé toute la journée là. J'ai rencontré un homme agréable nommé Chuck Silvers. Je lui ai dit que j'étais un réalisateur d'Arizona. Il m'a dit de revenir le lendemain : "Je te donnerai un laissez-passer et tu me montreras tes films en super-8". Steven Spielberg - 2002 (1)


Quand on a vu sur le site de la cinémathèque qu'à l'occasion d'un cycle consacré au réalisateur, ils annonçaient une master class en (oh mon dieu) sa présence, on n'a pas osé y croire. Et puis on s'est dit : allez on tente ! Le jour de la mise en vente des places, on s'organise, on prévoit d'arriver très tôt en s'arrachant du lit un dimanche matin (le seul matin où il fera -2). On prévoit l'ipod, les petits beurres et les bottes fourrées pour près de 3h d'attente dans le froid. Quand on arrive on rejoint une quarantaine de personnes encore plus fan que nous car certains attendent déjà depuis plus d'une heure...A midi, alléluia on obtient le précieux sésame : un billet pour la masterclass de Steven Spielberg avec la projection en avant première de Cheval de Guerre (War Horse), son dernier film dont la sortie est prévue le 22 février prochain.

Il ne reste plus qu'à attendre le 9 janvier prochain, tranquillement, et en essayant de ne pas perdre son ticket ! Le jour J, on ne se rend toujours pas compte, c'est presque fou,....le papa d'E.T., d'Indiana Jones et de Rencontre du Troisième Type, là en vrai....un réalisateur culte, chéri et adulé....
On arrive devant la salle Henri Langlois avec toujours la quarantaine de personnes devant nous mais pas les même que la dernière fois, beaucoup de jeunes gens, motivés, cinéphiles et impatients. Là, tout d'un coup, ça devient concret, encore deux petites heures et ...ça y est il sera là, palpable et réel.
La cinémathèque s'est faite toute belle pour l'occasion : tapis rouge et projecteurs. Une équipe technique étoffée est présente, plusieurs caméramans et des photographes.
On rentre enfin, avec un casque audio offert pour la traduction. Tout est prévu.
Nous réussissons à trouver une place au milieu à quelques rangs de la scène, tout est parfait !




























La projection de Cheval de Guerre peut commencer :

Cheval de Guerre - Bande Annonce #2 [VOST|HD] par addictomovie

Tiré du roman de Michael Morpurgole, le film raconte l'histoire d'amitié entre Joey, un cheval et le jeune Albert, fils de fermier. Le cheval est vendu à l'armée alors que La Première Guerre Mondiale vient d'être déclarée.Albert n'aura alors de cesse de retrouver son compagnon.
War horse est une grande saga de près de 2h30 où l'on suit les aventures, parfois tragiques du cheval Joey envoyé au front. Steven Spielberg fait honneur à sa maitrise de conteur d'histoire pour petits et grands (quoique les scènes de guerre ne me semblent pas adaptées à un trop jeune public). Le film rend hommage aux chevaux tués durant la seconde guerre mondiale. Certaines scènes sont d'une beauté à couper le souffle et personne ne peut rester insensible à l'histoire de ce cheval si particulier.
C'est d'ailleurs en voyant la pièce War Horse que Spielberg, profondément touché et qui avait été conseillé par sa productrice Kathleen Kennedy, a décidé de le réaliser sans plus attendre. Ce qu'il nous expliquera un peu plus tard...lors de sa masterclass.

Assez émue par le film, je le suis encore plus lors de la venue du Président de la cinémathèque Monsieur Costa Gavras qui annonce l'arrivée de celui que tout le monde attend.
C'est avec beaucoup d'émotion que nous saluons le réalisateur durant une standing ovation de plusieurs minutes. Serge Toubiana avouait quelques minutes auparavant que c'était aujourd'hui, pour lui, la concrétisation d'un rêve. Et bien il n'était pas le seul, ce soir là !
Steven semble aux anges et reçoit avec plaisir les démonstrations d'affectation du public. Il finit même par lancer un "je t'aime" la main sur le coeur. La masterclass, animée par Serge Toubiana et Costa-Gavras peut commencer :




Voici quelques photos prises lors de l'évènement mais le diaporama de la cinémathèque est bien mieux !

































La cinéphile que je suis n'est pas prête d'oublier ce moment. La première fois que j'ai vu E.T. et les fois où j'ai revu et rerevu le film, jamais je n'aurais pensé un jour pouvoir avoir la chance d'approcher son réalisateur et de partager avec lui un moment de cinéma. La vie réserve parfois de jolies surprises !

 (1) Source

samedi 7 janvier 2012

Mathias Lachal

Mathias Lachal, diplômé de l'école Emile Cohl à Lyon, a eu l'idée, pour son projet de fin d'étude en 2010 de retranscrire les sensations d'un saut en parachute. Le travail des plans, de la mise en scène et des effets sonores rendent le tout particulièrement réussi. Laissez vous emporter pour 2 min de chute libre !

Chute (Fall) from Mathias Lachal on Vimeo.


Mathias a publié en octobre 2011"Range ton bazar". Astucieux moyen auquel on a tous rêvé un jour, il mêle images réelles et animation traditionnelle avec beaucoup d'humour.

Range Ton Bazar from Mathias Lachal on Vimeo.

Pin up 2.0


"Je suis l’une de ces millions de filles vivant le côté obscur du rêve américain. J’aime les bolides, les mauvais garçons et la bonne musique."(1)

Créature lynchéenne, Lana Del Rey est un objet de fascination. Crinière de lionne, lèvres pulpeuses à l'excès, cils immenses et regard fuyant elle semble irréelle.
Avec un univers évoquant le hollywood des années 50 ou encore la nouvelle vague elle diffuse une musique glamour jusqu'au bout des ongles. Même le nom du groupe rend hommage à cette époque, chérie par l'artiste : Lana pour Lana Turner, Del Rey pour la célèbre berline compacte produite par Chevrolet dans les années 50. Et aussi parce qu'elle trouve la sonorité de Lana Del Rey vraiment belle.








Les clips réalisés par l'artiste ont une atmosphère nostalgique avec des ambiances très cinématographiques : collages de films, de dessins animés et de vidéos personnelles entrecoupés de gros plans de la jeune femme posant devant sa webcam. Moues boudeuses et regards lascifs.

Lana incarne le chaud et le froid,... mais plutôt le chaud.

C'est avec le titre Kill Kill - où à l'époque elle s'appellait Lizzy Grant et pas encore Lana, qu'elle démarre sa carrière en 2009. La chanson passe malheureusement inaperçue. Elle enregistre, l'année suivante l'album Lana Del Rey.


A l'automne 2011 elle met en ligne sur son compte You Tube le titre Video Games, qui est rapidement plébiscité par les réseaux sociaux.

Le clip, comme pour les précédents, a été réalisé par l'artiste avec le logiciel imovie. «Je travaille avec iMovie. Comme pour le logiciel Word, on copie/colle, c’est vraiment facile. J’ai eu un problème de copyright avec certains éléments que j’utilisais, j’ai dû retirer sept secondes et les remplacer. Mais la plupart des gens étaient ravis que j’utilise leurs images parce qu’ils adoraient le clip.» (2)

LANA DEL REY - VIDEO GAMES

Lana Del Rey | Myspace Music Videos


"Cette vidéo, c’est moi dans ma chambre avec ma robe préférée et du maquillage, filmée avec ce que j’avais sous la main. Je fais ça depuis que j’ai 17 ans, parce que je veux être chanteuse et que c’est ce que les chanteuses font.»

Video Games a été rapidement diffusé sur les ondes puis Lana a été contacté par des majors. Tout s'est ensuite enchainé. Elle a pu travailler sur l'album Born to die à paraitre le 30 janvier prochain, dont les titres sont dévoilés au compte goutte depuis l'automne 2011.

Le titre démarre avec des samples de harpe et de cordes et la voix de Lana, sombre, ample et élégante se déploie comme une rivière de diamants. Les textes parlent souvent d'amour, d'histoires d'amour qui finissent mal. Lana se décrit avant tout comme une écrivaine avant d'être musicienne. Il est beaucoup plus facile pour elle de parler de ses émotions en chansons.


Blue Jeans est le second titre paru. Scénario d'un drame passionnel façon Sailor et Lula, poétique et bourré de sensualité, il donne envie de tomber amoureux de n'importe quoi.


Bande son idéal pour un film noir, le fabuleux titre Born to die dont le clip a été réalisé par Yoann Lemoine (Woodkid) et en partie tourné au château de Fontainebleau



La vidéo de "Yayo", diffusée pour la première fois en décembre dernier.


A à peine 25 ans, et encore inconnue il y a 6 mois, l'artiste ne s'attendait pas à une telle popularité. Encore mal à l'aise avec la scène et avec les attentes à son égard, elle appréhende la réaction de ses fans à la sortie prochaine de son album. On la rassure : son univers, sa voix et ses mélodies réchauffent le cœur des plus endurcis, rien à craindre de ce coté la !

On parle d'ici et là de phénomène musical de l'année 2012 - certes - pour le moment, c'est en boucle que j'écoute les titres les plus épiques de l'artiste. Un peu moins séduite par ceux plus funk comme Off the races ou National Anthem, Lana Del Rey est sans nul doute à suivre.

http://lanadelrey.com/

(1) source
(2) source 

lundi 2 janvier 2012

Clap de fin

Une page se tourne. 2011 n'est plus, vive 2012!
Une année remplie et riche,cinématographiquement parlant.
Que retenir ?
Nathalie Portman transcendée en Black Swan dans la scène de danse finale, la ruse de Geoffrey Rush dans le Discours d'un roi, la désillusion de Carey Mulligan et Andrew Garfield lorsqu'il pense être sauvé (Never Let Me Go), le "Je m'appelle Mickael" de Tomboy, le visage emprunt de douceur de Jessica Chastain (The Tree of Life), l'explication de l'infirmité de Charles Xavier et celle de la colère de Erik (X-Men Le commencement), la détermination touchante à l'infini du gamin au vélo et Cécile de France en mère improvisée dans peut être son plus beau rôle(Le Gamin au Vélo), les courbes de Rita (Chico et Rita), Harry c'est fini (Harry Potter, les reliques de la mort), Bryce Dallas Howard mangeant une tarte "spéciale" (La Couleur des Sentiments), toutes les scènes de Submarine, Pierre Niney dans J'aime Regarder les filles, la scène d'ouverture époustouflante de Drive, le générique de fin de Super 8, l'impertinence et le style d'Annabel (Restless), la reconstruction de Brit Marling (Another Earth), la scène d'interrogatoire avec la fille qui s'est fait volé son portable et celle sur le Coran dans Polisse, le déhanché improbable de Vincent Lacoste (Skylab), le torse très "photoshop" de Ryan (Crazy, Stupid, Love), la lumière bleue de Mélancholia, la scène de danse des femmes au marché (La Source des Femme), le pétage de plomb final et jouissif de Kate Winslet dans Carnage.

Et encore une fois, trop de films manqués...

Pour moi, la plus belle bande annonce sera celle de The Tree of Life, un des films qui m'a le plus marqué cette année :

Et parce que j'adore ça, deux medleys des films hollywoodiens 2011.

Vous trouverez la liste des films présents ici.

dimanche 1 janvier 2012

What Are You Doing New Year's Eve ?

Zooey Deschanel et Joseph Gordon-Levitt, le couple de (500) Days of Summer, à nouveau réuni pour une reprise du standard What Are You Doing New Year's Eve ? chanté notamment par Ella Fitzgérald.

Quelle meilleure manière pour vous souhaiter à tous une année étonnante et lumineuse ?

Et aussi dire qu'ici, ça reprend !

mercredi 27 avril 2011

La revanche d'une blonde

George Cukor a réalisé en 1950 une merveille : Born Yesterday - Comment l'esprit vient aux femmes. Ou comment une blonde caricaturée magistralement par Judy Holliday s'émancipe et se déjoue des plans de son voyou de fiancé. Ce dernier profitant de la stupidité de sa compagne l'implique à son insu dans ses "affaires". Le tout, bien entendu, sur le ton de la comédie.



Judy Holliday

L'attrait principal du film réside dans le jeu de Judy Holliday qui réalise la une véritable performance : elle s'est taillée un personnage de blonde burlesque unique et inimitable. Tout est poussé à l'extrême, frôlant le ridicule afin de déclencher l'aspect comique et satirique de la situation : du déhanché saccadé aux mimiques exagérées en passant par l'inimitable gouialle du New Jersey alliée à une voix haut perchée. Judy Holliday connaissait alors parfaitement le rôle de Billie Dawn, cette danseuse de cabaret aux yeux écarquillés qu'elle a joué pendant des années au théâtre à Broadway. C'est grâce à son interprétation théatrale qu'elle a d'ailleurs connu son premier succès. Elle n'était pas non plus inconnue du réalisateur qui l'avait révélé au public l'année passé dans Madame porte la culotte. Le réalisateur a néanmoins du se battre pour imposer son choix car le patron de la Columbia de l'époque voyait plutôt sa vedette du moment la sulfureuse Rita Hayworth incarner le rôle. Cukor ne fait donc pas d'erreur en l'engageant pour son 5è long métrage. L'oscar de la meilleure actrice lui sera d'ailleurs attribuée pour ce rôle.

Quelle meilleure mise en bouche que cette scène (géniale) de la partie de carte: Billy et son amant Harry Brock ont l'habitude de se retrouver pour jouer aux cartes. Il faut observer le détail du jeu de Judy Holliday pour en voir toutes les subtilités : son rituel de préparation avant la partie, sa façon de distribuer et de ranger méthodiquement les cartes, de compter dans sa tête, de plier le petit doigt lorsqu'elle boit son scotch...le duo comique Billy/Harry est une réussite.

George Cukor, le cinéaste par excellence des femmes
Billy Dawn est également un personnage de "femme forte", fer de lance du cinéma de Cukor. De plus c'est une femme et le réalisateur est réputée pour savoir tirer partie du meilleur de ses acteurs et surtout ...de ses actrices. Outre Judy Holliday, Cukor a travaillé avec les plus belles, en tête Katharine Hepburn, puis Ingrid Bergman, Marilyn Monroe, Audrey Hepburn et Joan Crawford.
On voit évoluer le personnage de Billy "éduqué" par un professeur engagé par son amant et dont elle tombe amoureuse. Elle s'émancipe. On la voit découvrir la culture, les musées, lire la constitution de son pays et surtout installer un dictionnaire constamment ouvert au milieu de son salon auquel elle se réfère sans cesse afin d'insulter son amant de mots auparavant inconnus comme "antisocial", ressort comique particulièrement jouissif. Elle décide alors de devenir autre chose qu'une simple potiche et commence à s'intéresser de près aux "affaires" de son compagnon et aux documents qu'on lui fait indument signer...


Comment l'esprit vient aux femmes est un film comme on en fait plus, malheureusement, excellemment mis en scène, drôle, fin, bourré de détail, parfois potache mais également d'une rare intelligence.